University of Dublin

Department of French

Senior Sophister Language Course Mr Parris

Students are expected to acquire and familiarize themselves with a good monolingual dictionary. Le Petit Robert is recommended; if that is ruled out, on grounds of expense, Le Micro Robert is an acceptable substitute for most purposes. Use these translation exercises to work at vocabulary, with the help of a good dictionary such as the Trésor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm . As necessary, consult a good reference grammar or try: http://grammaire.reverso.net/ .

TSM French: Learning outcomes

On successful completion of the degree programme, students will be able to:

· communicate clearly and effectively, both orally and in writing, in English and French, with native speakers in academic, professional and social settings,

· organize and present ideas in English and French, within the framework of a structured and reasoned argument, oral or written,

· demonstrate a broad knowledge of the historical, social and cultural development of France and French speaking countries,

· analyse critically and independently, in English and French, a variety of texts and documents from different periods and sources,

· demonstrate an ability to use specific disciplines such as linguistics, literature, ideas and culture to analyse and contextualize texts, other documents, concepts and theories,

· translate a range of texts to and from French, with accuracy, consistency and appropriateness of register and expression,

· identify original research questions in one of the fields of linguistics, literature, ideas and culture and select and use appropriate methodologies and relevant resources, leading to the writing of a dissertation

· mobilize the knowledge, strategies and skills needed for further intellectual development and independent, life-long learning as well as for undertaking further, autonomous study.

Criteria for Translation

The general aim of our Translation course is to produce translations of potentially publishable quality in the domains of literary translation: literary prose (novel, short story &c), poetry, biography, history &c. On points of detail, different criteria may apply in the case of different pairs of languages, or different text types.

2) The first duty of a translation is to be faithful to the SL text (no “belles infidèles”) as far as is consonant with other important criteria. However, this does not mean that the exercise is a “comprehension test”: showing understanding is a necessary, but not a sufficient condition.

3) While accurately reflecting the SL text, the translation should read fluently in the TL. As far as possible, it should not be recognisable as a translation. There is a school of translation which thinks a foreign text should retain its foreignness, but this is seldom the effect required by commissioning editors (rightly or wrongly). Being faithful to TL style implies that the same word will not always be rendered by the same word in the translation.

4) The notion of faithfulness to TL style may require changes in construction or sentence structure. This should always be attempted where necessary, but never where there is no imperative need.

5) Translations should not be approximations of paraphrases, except where a direct translation is impossible for reasons involved with peculiarities of TL (style, available vocabulary &c).

6) Insofar as your chosen text has technical or cultural references, these should be researched and accurately translated. Proper names (of public figures) should be translated (“l’empereur Guillaume II d’Allemagne” = “Kaiser Wilhelm II”). The precise rules for this will vary between pairs of languages. Appropriate equivalents should be sought for cultural artefacts or institutions (does “samovar” stay as “samovar” in the name of local colour, or become “kettle”? There is no absolute rule. What to do about “salle Colbert”? Probably “National Assembly” &c).

TEXT 1 Pour bien des gens, aujourd’hui, le nom de Don Gershwin n’évoque plus rien; seul demeure dans les mémoires celui d’Amy Random. Jeune épouse d’un fermier de l’Illinois, elle avait voulu avoir comme premier enfant le garçon que son mari désirait. Sottement, mais innocemment, dans le seul naïf désir de voir Harry l’embrasser fort puis porter fièrement son fils, elle s’était procuré chez son pharmacien certaines « capsules » dont elle s’était employée à répandre la poudre sur la mousse des bières qu’elle versait à son mari. Le couple avait eu de ce fait une vie sexuelle florissante, et Harry junior était né l’hiver suivant puis Ted et Fred, des jumeaux, un an ,lus tard. Le père était comblé, mais il avait bien envie maintenant d’avoir une fille.

Toujours aussi prévenante. Amy alla voir son pharmacien pour lui demander le traitement adéquat. Hélas, se désola-t-il, le produit « inverse » n’existe pas, pas encore. Elle devait donc s’en remettre au hasard? Hélas, répéta le pharmacien, avec la virilité que son mari avait acquise – ce sont ses propres termes – il leur faudrait attendre de nombreuses années pour avoir quelque chance de donner naissance à une fille.

Les scientifiques se doutaient, bien évidemment, du caractère quasiment irréversible de la « substance », surtout lorsqu’elle est administrée à fortes doses; mais à Amy, aux millions d’autres utilisateurs, personne n’avait pris la peine de le signaler,

Furieuse, désespérée, rongée par la culpabilité, elle osa surmonter sa peur pour tout révéler à Harry. Pendant quelques jours, il la traita de tous les noms de sorcière, menaça de la rouer de coups et de la chasser de sa ferme. Mais l’homme n’était pas un violent, et Amy – une rouquine un peu boulotte, au nez pailleté de taches, et aux yeux constamment étonnés – savait si bien l’attendrir. Bientôt ils se rendirent, 1a main dans la main, chez leur avocat ; lequel, se sachant plus compétent dans les litiges entre banques et fermiers que dans les querelles médicales, leur conseilla de s’adresser à la firme Gershwin and Gershwin, de Chicago.

Le couple promettait la potence au pharmacien du comté; Don Gershwin les persuada de s’en prendre directement aux fabricants.

AMIN MAALOUF, Le Premier siècle après Béatrice, 1992

TEXT 2 La France, depuis quelques décennies, se flatte d’être la terre sainte de la Modernité. «Notre modernité», aimait à écrire Roland Barthes, avec un mélange de fierté ombrageuse et de décente tristesse. Au seul mot de «moderne», on a appris en France à se mettre au garde-à-vous: il suffit de prévenir qu’une idée, même saugrenue, un trait de mœurs, même odieux, un homme, même bas, un mobilier, même hideux, est moderne et aussitôt personne n’ose plus élever le moindre murmure, et aussitôt en confiance tout le monde applaudit. Même si une nuance de doute et de prudence s’est introduite depuis quelque temps dans les cercles les plus avertis, l’Administration s’en tient à ce critère de jugement, et les provinces, plus longues à convertir, s’y sont ralliées avec retard, mais aussi avec un emportement de nouveaux convertis. Il n’est pas de projet choquant pour le bon sens qui ne suscite désormais, dans les municipalités et les conseils généraux ou régionaux, un ralliement passionné pour peu que l’argument «moderne» soit dûment invoqué. En dépit des réserves qui se font jour dans les conversations privées, nous vivons toujours en France sous le règne d’une Modernité d’État. C’est une Modernité tardive, comme on parle maintenant d’Antiquité tardive et non plus de Haut Moyen-Âge. Elle ne l’est pas seulement par la chronologie, car elle ne date, sous sa forme actuelle, que des années 60. Elle l’est aussi par sa psychologie, qui est impatiente et nerveuse, tout entière rattrapage, recyclage, affectation forcée et forçant les étapes pour cacher un retard imaginaire ou réel. Rien n’est plus impérieux et intolérant que la volonté de surchauffe qui tient lieu de discernement et de tact dans la décision et l’action.

Ruisselante et légère, elle feignait de s’endormir dans le sable, la tête sous le bras replié, pour ne pas répondre aux questions, ne pas être obligée de réfléchir aux mystérieux rapports de la mer et de la forêt, bercée par les échos de cors de chasse et de conques marines dont son cœur paraissait rempli. (MARC FUMAROLI)

TEXT 3 C’était l’indolence de la plage. Le soleil se voilait, enveloppant d’une même clarté diffuse et sans rayons la plage avec ses tentes rayées de bleu et de vert et ses parasols à demi renversés, les maisons blanches en retrait dont les vitres se teignaient d’une lueur magique, la sombre verdure du rivage de Ciboure, les voiles arrêtées sur la mer, attendant le souffle de la nuit. Le vendeur de glaces passait sur une crête de sable, levant haut ses pas comme un cheval, faisant résonner son cri monotone. Un homme portait un enfant au-dessus des vagues comme un saint Christophe. Une jeune fille aux seins tremblants répandait ses longs cheveux sur la poitrine d’un compagnon, qui souriait avec attendrissement. Un jeune homme, assis sur les talons, ses longues cuisses dressées comme des ailes, préparait son canot. Une bande de garçons courait le long de la mer, dans l’exaltation de la marée, du jeu, de leur jeunesse. Assise sur un pliant, au milieu d’un groupe de petites filles aux maillots bariolés, une religieuse, dans ses longs voiles noirs, surveillait l’horizon comme une sauvage et immobile déesse des grèves. Bertrand se disputait avec ses camarades, accourait vers sa mère en pleurant, souriait à une petite fille qui le contemplait d’un air moqueur. Lorraine le menait à un des petits lacs que la mer en se retirant laissait au creux du sable, puis, tandis qu’il barbotait, son petit seau bleu ciel à la main, elle revenait s’étendre auprès de son mari, inclinant la nuque sous la caresse du couchant. (JACQUES MERCANTON)

TEXT 4 Depuis bientôt un an, je cherche le moyen d’attaquer ce: qu’il faut bien que j’appelle ma seconde, la nouvelle vie. Je tourne autour d’images, de sensations, de couleurs. Et e les trouve pâles, trop pâles pour les rendre, si lointaines que j’en désespère. Jamais cela ne fera une histoire à raconter.

Mais je sais que la mémoire a ses raisons et ses. chemins. J’ai fini par me dire: ça viendra. Depuis des mois, je souhaite (sans le chercher) un incident comme celui de la petite madeleine de Proust – la résurgence de cette gouttelette irisée qu’il faut saisir au vol.

C’ est arrivé.

Je viens de passer presque un mois à Lausanne où je n’habite plus. L’autre jour, sans le vouloir (mais ce n’est sans doute pas un hasard), j’ai emprunté un itinéraire ancien, abandonné depuis longtemps parce que rien ne demandait plus que je fréquente ce quartier-là. Une rue bordée de quelques maisons et de beaucoup de jardins. Dans un renfoncement, au rez-de-chaussée d’un locatif les années Quarante construit en. retrait en prévision — déjà – d’un élargissement de la chaussée, quelques magasins: une laiterie, un tapissier, une épicerie et un minuscule boulangerie. Je longeais distraitement quelques vitrines, engoncée dans mon manteau pour me protéger du froid, lorsqu’une pancarte a accroché mon regard: « Biscômes maison »[1].

Nous étions au début de décembre – rien d’exceptionnel à ce que les boulangers annoncent les biscômes. Ce qui m’a retenue, c’est la pancarte elle-même. Une pancarte très élaborée, écrite soigneusement d’une main d’écolier, décorée d’images d’il y a trente ans. Tout cela était posé, ;ollé, écrit sur un carton qui avait été blanc mais qui s’était patiné.

Je suis restée là, gluée à la vitrine malgré la bise noire, cinq bonnes minutes. Cette pancarte... Cette pancarte... Pourquoi est-ce que...?

Et soudain j’ai VU. Cette pancarte, c’était moi qui l’avais faite.

Anne Cunéo Le Temps des loups blancs, 1982

TEXT 5 Il y a quelques années, Roland Barthes a parlé de « la pression rigoureusement égale » qui s’exerce à la surface du récit de Robbe-Grillet. Avec le roman traditionnel, nous sautons de crise en crise, comme si le rythme des mouvements de nos yeux au cours de notre lecture « devait reproduire la hiérarchie même de l’univers classique, doté de moments tour à tour pathétiques et insignifiants ». Chez Robbe-Grillet en revanche — du moins chez Robbe-Grillet tel que Barthes le voyait en 1955 — aucun moment de son écriture n’a plus de poids que n’importe quel autre. Or, ce que Barthes appelle les « moments insignifiants » de la littérature traditionnelle appartient, à mon avis, à un univers saturé de sens. Il n’est pas tout à fait exact que le récit littéraire classique alterne le significatif et l’insignifiant ; le sens n’y fait jamais défaut. En fait on pourrait dire qu’à certains moments de l’histoire, les halètements de la machine narrative se font un peu plus énergiques qu’à d’autres, alors que le reste du temps il est possible, en quelque sorte, de rouler sur sa lancée. (Les passages plus tranquilles de la littérature réaliste expriment également l’enlisement du sens dans le temps. La durée use, dans une certaine mesure, la signification, bien que, à quelques rares exceptions près — Flaubert constitue l’une d’elles —, un certain affadissement du sens avec le temps ne mette pas radicalement en doute le sens lui-même.) Le lecteur de roman bien entraîné sait quand il lui faut ouvrir l’œil et prêter l’oreille avec une attention particulière. Dans les épisodes privilégiés de la littérature traditionnelle, certains sens qui animent le récit tout en entier sont ouvertement mis en scène ou plus explicitement exprimés. Par contre, même quand des écrivains contemporains tels que Robbe-Grillet, Sollers ou Thomas Pynchon se permettent des épisodes clés, des passages clairement privilégiés, ils semblent nous mettre au défi de les considérer comme des énoncés définitifs ou entièrement sérieux. Et cette absence ou parodie de moments particulièrement significatifs correspond à une diffusion du sens ou, à l’extrême, à sa non-pertinence, ou même à une absence de toute signification d’ensemble. Dans un univers romanesque privé d’un sens global, tous les événements sont d’une égale importance. Aucune structure de signification n’est assez puissante pour pouvoir réunir tous les fragments de sens en un seul système.